Meurtre d’Élias : le parcours judiciaire édifiant des agresseurs

INFO LE FIGARO - Les deux suspects, âgés de 16 et 17 ans, ont enchaîné les infractions dès leur plus jeune âge.

Les deux mineurs suspectés du meurtre du jeune Élias, poignardé après avoir refusé de donner son téléphone vendredi dernier à Paris, affichent un parcours judiciaire allant crescendo de 2021 à 2024.

Le premier suspect âgé de 17 ans, qui ne serait pas l’auteur du coup mortel, a, de sources policières, enchaîné les infractions. Il commence en 2021 par «un port d’arme prohibée et introduction d’une arme sans motif légitime dans un établissement scolaire», enchaînant cette même année avec «un vol aggravé». Après une pause en 2022, il est arrêté en 2023 pour «un vol avec port d’arme et extorsion». Pour cela, la justice ne retient pas la récidive mais la réitération des faits et le condamne fin 2023 à «un avertissement judiciaire».

Si cette sanction peut paraître floue, elle intègre le fait que ses parents n’étant pas démissionnaires, ils sont en mesure de prendre la relève de l’action éducative enclenchée pendant la procédure. Autrement dit, entre l’audience de culpabilité et celle de sanction. Pour autant, ce dernier poursuivra son parcours délinquant en 2024. Il fera l’objet d’une interpellation pour, selon la police, «recel de bien, conduite et conduite sans permis». Et d’une autre, le 30 octobre 2024, pour «vol avec violence avec une ITT de moins de 8 jours». Selon la police, il aurait aussi refusé de communiquer le mot de passe de son téléphone portable.

Le second suspect âgé lui de 16 ans, qui a reconnu en garde à vue être l’auteur du coup de couteau mortel, est entré dans les radars des services dès 2021 pour un premier «vol en réunion». Son parcours délinquant s’accélère au cours de l’année 2023 avec des «violences en réunion avec ITT de moins de 8 jours», plusieurs «vols en réunion» dont un «sur mineur vulnérable», puis plusieurs ports d’arme prohibée, et encore «des vols avec extorsion».

À la fin de cette même année 2023, le Tribunal pour enfants du tribunal judiciaire de Paris le condamne, au vu de ses antécédents, à une mesure éducative judiciaire pendant une période de deux ans. Cette dernière consiste «en un accompagnement individualisé du mineur construit à partir d’une évaluation de sa situation personnelle, familiale, sanitaire et sociale». En l’occurrence et contrairement au premier suspect, ce mineur affronte «un contexte familial et social difficile». Celui d’une famille monoparentale dont la mère n’est semble-t-il pas démissionnaire mais «débordée». Pour lui aussi, 2024 marque un sommet dans sa dérive délinquante : le 30 octobre, l’adolescent est interpellé en compagnie du premier suspect pour les mêmes faits (vol avec violence). Interdiction d’entrer en contact et couvre-feu

Compte tenu de leurs antécédents et de l’enchaînement des faits, le parquet des mineurs de Paris les défère en audience unique et requiert un contrôle judiciaire pour les deux complices. Le tribunal pour enfants en décidera autrement préférant, en attente de l’audience prévue le 25 novembre, prononcer pour les deux mineurs «une mesure éducative préjudicielle avec une mise à l’épreuve éducative», «une interdiction d’entrer en contact» et pour le plus jeune des deux «un couvre-feu entre 22 et 6 heures du matin».

Le 25 novembre, aucun des deux prévenus et ni aucun de leurs parents n’apparaît à l’audience. Et le tribunal choisit de renvoyer l’affaire au 3 juin 2025 en prolongeant les mesures éducatives judiciaires. À plusieurs reprises, la protection judiciaire de la jeunesse émettra des alertes s’inquiétant que les deux mineurs «n’investissent pas leur mesure». En vain. Selon le garde des Sceaux Gérald Darmanin, il existe 3400 mesures éducatives en attente d’exécution au seul Tribunal judiciaire de Paris.